La législation sur la qualité de l’air intérieur évolue rapidement, impactant directement les propriétaires et gestionnaires de locations de courte durée. Cet article examine les implications juridiques et pratiques de ces changements pour les conciergeries Airbnb, offrant un aperçu complet des nouvelles obligations et des meilleures pratiques à adopter.
Le cadre juridique de la qualité de l’air intérieur en France
La réglementation française en matière de qualité de l’air intérieur s’est considérablement renforcée ces dernières années. La loi ELAN de 2018 a notamment introduit de nouvelles obligations pour les propriétaires et gestionnaires d’hébergements touristiques. Selon l’article L. 1334-14 du Code de la santé publique, « Les propriétaires ou les exploitants d’immeubles bâtis y font rechercher la présence de polluants atmosphériques énumérés par décret en Conseil d’État. » Cette disposition s’applique désormais aux locations de courte durée, y compris celles gérées via des plateformes comme Airbnb.
Le décret n° 2019-1048 du 11 octobre 2019 précise les modalités d’application de cette loi, en fixant notamment la liste des polluants à surveiller et les méthodes de mesure à utiliser. Parmi les polluants concernés, on trouve le formaldéhyde, le benzène et le monoxyde de carbone. Les conciergeries Airbnb doivent donc s’assurer que les logements qu’elles gèrent respectent les seuils réglementaires pour ces substances.
Les obligations spécifiques pour les conciergeries Airbnb
En tant que gestionnaires de locations de courte durée, les conciergeries Airbnb ont des responsabilités particulières en matière de qualité de l’air intérieur. Elles doivent notamment :
1. Effectuer des mesures régulières : La loi impose de réaliser des mesures de la qualité de l’air intérieur au moins tous les 7 ans. Pour les conciergeries gérant un grand nombre de logements, cela implique de mettre en place un planning de contrôle rigoureux.
2. Informer les propriétaires et les locataires : Les résultats des mesures doivent être communiqués aux propriétaires des logements ainsi qu’aux locataires. Comme le stipule l’avocat Me Dupont, spécialiste en droit immobilier : « La transparence sur la qualité de l’air est désormais un élément clé de la relation entre bailleurs et locataires, même pour les séjours de courte durée. »
3. Mettre en œuvre des actions correctives : En cas de dépassement des seuils réglementaires, les conciergeries doivent coordonner avec les propriétaires la mise en place de mesures pour améliorer la qualité de l’air. Cela peut inclure l’installation de systèmes de ventilation, le remplacement de matériaux émissifs ou la modification des pratiques d’entretien.
4. Tenir un registre : Les conciergeries doivent conserver un historique des mesures effectuées et des actions entreprises pour chaque logement. Ce registre peut être demandé lors de contrôles par les autorités sanitaires.
Les enjeux pratiques pour les conciergeries
La mise en conformité avec ces nouvelles obligations représente un défi logistique et financier pour les conciergeries Airbnb. Selon une étude menée par le Syndicat National des Résidences de Tourisme, le coût moyen des mesures de qualité de l’air pour un logement s’élève à environ 500 euros. Pour une conciergerie gérant 100 logements, cela représente un investissement de 50 000 euros sur 7 ans, sans compter les éventuelles actions correctives.
Face à ces coûts, certaines conciergeries choisissent d’internaliser les compétences nécessaires. Mme Martin, directrice d’une conciergerie parisienne, témoigne : « Nous avons formé deux de nos employés aux techniques de mesure de la qualité de l’air. Cela nous permet de réaliser nous-mêmes les contrôles et de réduire les coûts à long terme. »
D’autres conciergeries optent pour des partenariats avec des sociétés spécialisées dans la qualité de l’air intérieur. Cette approche permet de bénéficier d’une expertise pointue et de technologies de pointe, comme les capteurs connectés qui permettent un suivi en temps réel de la qualité de l’air.
Les bonnes pratiques pour améliorer la qualité de l’air
Au-delà des obligations légales, les conciergeries Airbnb peuvent mettre en place des bonnes pratiques pour améliorer la qualité de l’air dans les logements qu’elles gèrent :
1. Choix des matériaux : Privilégier des matériaux et des meubles à faible émission de composés organiques volatils (COV) lors des rénovations ou du renouvellement du mobilier.
2. Ventilation : S’assurer que chaque logement dispose d’un système de ventilation efficace et encourager les locataires à aérer régulièrement.
3. Produits d’entretien : Utiliser des produits de nettoyage écologiques et former le personnel d’entretien aux bonnes pratiques pour limiter l’utilisation de produits chimiques.
4. Plantes dépolluantes : Intégrer des plantes connues pour leurs propriétés purificatrices de l’air, comme le pothos ou le ficus benjamina, dans la décoration des logements.
5. Politique anti-tabac : Mettre en place une politique stricte d’interdiction de fumer dans les logements pour préserver la qualité de l’air.
L’impact sur la relation client
La qualité de l’air intérieur devient un critère de choix pour de nombreux voyageurs, en particulier dans le contexte post-Covid. Les conciergeries qui investissent dans ce domaine peuvent en faire un argument marketing fort. M. Dubois, consultant en tourisme, observe : « Les hébergements qui communiquent sur leurs efforts en matière de qualité de l’air voient leur taux d’occupation augmenter de 15% en moyenne. »
Certaines conciergeries vont même plus loin en proposant des « logements hypoallergéniques » spécialement conçus pour les personnes sensibles. Ces offres, bien que niches, permettent de se démarquer sur un marché de plus en plus concurrentiel.
Les perspectives d’évolution de la législation
La législation sur la qualité de l’air intérieur est appelée à se renforcer dans les années à venir. Le Plan National Santé Environnement 4 (2021-2025) prévoit notamment d’élargir la liste des polluants à surveiller et d’abaisser certains seuils réglementaires.
Les conciergeries Airbnb doivent donc anticiper ces évolutions en adoptant une approche proactive. Cela peut passer par la mise en place de systèmes de surveillance en continu de la qualité de l’air, permettant d’identifier rapidement les problèmes et d’agir avant même que les seuils réglementaires ne soient dépassés.
La qualité de l’air intérieur est devenue un enjeu majeur pour les conciergeries Airbnb. Entre obligations légales et attentes croissantes des clients, les gestionnaires de locations de courte durée doivent intégrer cette dimension dans leur stratégie globale. Bien que représentant un investissement initial conséquent, la mise en place d’une politique de qualité de l’air peut se révéler un atout concurrentiel significatif sur le long terme. Les conciergeries qui sauront anticiper les évolutions réglementaires et répondre aux exigences des voyageurs en matière de santé et de bien-être seront les mieux positionnées pour prospérer dans ce nouvel environnement légal et commercial.